•     Dans l'obscurité de cette vie perdue, j'ai cru trouver refuge, j'ai cru trouver lueur.
    Face à la bêtise du monde engourdi j'avais confiance en ce lien absolu. Je ne suis plus rien au regard du flot qui autrefois m'avait envahi. L'océan qui coulait en moi à jamais s'est tari et la source première à dévié son cours.
        Dans la pénombre de mon cœur, le sang coule, le flux tue, les amours à oublier et une ancienne amitié.
        Et pour finir ses jours, la bouche éperdue, esseulée, effleurée, veut à ses côté un chevalier au long cours, un prince charmant de qui elle attend l'amour et le désir qu'elle pourra lui offrir. Sans toi j'existe oui. Mais sans amour je ne suis rien.
        Sans amis, c'est le néant...
        Sans famille, c'est repoussant...
        Sans toi, c'est effrayant...
       Ma vie a fait s'en aller un à un les gens que j'ai aimé: Mon père, mon grand-père, des amis... Tous à jamais loin, vivront une autre vie ou plutôt poursuivront la leur... Certains dans l'eau delà, certains juste sans moi.
        Les yeux mouillés, le cœur débordant, je sais que des vies quelque part sont pires. Je sais que l'existence avec moi, n'est pas la plus dure. Mais je connais Souffrance et je sais que c'est dur.
        Perdre un amour qu'on croyait le seul et l'unique... Je connais.
        Perdre l'envie d'aimer... je le sais.
        Perdre ses larmes sur une feuille de papier... Je le vis.
       Les formes inconvenables de cette vie nouvelle, les choses méconnues qui m'appèlent à elles, l'avenir: angoisse infinie...
        Tous est contraire.
        Tout est chaos.
        Tout s'écroule.
       Je voudrais recouvrer la raison. J'aspire profondément à moins d'obstacles. Vivre le petit théâtre de ma vie. Voir du haut de mon nid, les bonnes choses prendre racine et les malheurs s'arracher aux vents.
        La fraîcheur qui me submerge, tu la remplacera par ta chaleur. Les douleurs passées cicatriseront par la force de notre amour.
        C'est dur d'être positif... L'optimisme inespéré, l'hypocrisie non évitée. Le rêve lui même n'est que mensonge. Les idéaux trompent. La distance des réalités déçoit.
        Mais alors, pourquoi j'y crois?
        Effacer douleur et passion par autre déraison. Oublier une blessure en s'ouvrant une nouvelle veine. Les sentiments sont agonie durable et assommante. Le train de vie est suicide à accoutumance.
        Mais tous y croient! Tous... sauf toi. L'espoir s'est éteint, la main n'est plus tendue à d'autres rêves.
        C'est en tombant qu'on apprend. C'est en se blessant qu'on comprend. "Si tu tombe sept fois, toujours se relever huit". Tu aimes les belles leçons mais tu es mauvais élève. Relèves toi, prends ma main, regarde ton courage et avance sans regarder derrière... Oui, on me la dit tellement de fois! On m'a craché dessus et en même temps on me prenait dans ses bras.
        J'ai voulu être différente. J'ai désiré toujours plus fort inspirer respect et harmonie... Et voilà se que je suis... Un monstre de bonté déguisé en sorcière sans son ballet?...
        La lueur que j'espérais s'est éteinte par le noir que j'ai broyé. Mais je suis coincée, perdue, dans ce labyrinthe trop grand pour ma si petite âme, trop sombre pour me montrer le bon chemin...
        Je sais tout ça. Je sais le tort que je cause et les peines que j'envoie. Je sais la déception dans les yeux de mes proches, les questions des plus innocents. Et voici un morceau de réponse:
        C'est mon abri, ma sécurité. Mince bouclier contre la grande folie urbaine. Douce immensité face à la mode gangrène. Noires idées emmêlées et causées des maux en chaîne. Franc caractère et sotte image. Peut-être un moyen d'avoir une identité, une appartenance, être reconnue dans un milieu...
        Moi qui désirais plus que tout être acceptée, je suis montrée du doigt et évitée par la plupart. Moi qui voulais être unique, je suis de la "tribu" ou seuls certains, comme moi, adhèrent, au réalisme de ces mots, de ces maux...
        Je n'entrevois pas encore la sortie du labyrinthe, mais il ne faut pas s'arrêter à mon apparence... Regardez autour. J'aime la couleur, j'aime l'art, j'aime l'osmose des joies picturales, j'aime la palette et les arabesques des notes dans l‘air. Mais tout ce que j'aime hélas, n'est que factice, n'est que façon et mensonge.
        Je suis mi-joie, mi-mélancolie, mi-sombre et mi-colorée... J'aime mon monde car il est tout ça. J'aime ma vie car je ne la connais pas. J'ai trop à apprendre, trop à rêver, trop à aimer...
        Je suis triste oui, de voir l'incompréhension et le désœuvrement dans la pupille de ma famille.
        Je suis gaie oui, de savoir, parfois, que je ne suis pas seule.
       Mais que faire, quand la solitude envahie tout? Quand les murs jaunes et les guirlandes arc-en-ciel sont doucement remplacés par l'obscurité? Comme si, quelqu'un avait pressé l'interrupteur et fait en sorte que tout s'en aille. Le vent peint, c'est beau, mais il emporte tout trop vite...
        Étrangement, j'ai toujours eu peur du noir. Depuis ma "tendre" enfance, je ne peux pas faire un pas dans l'obscurité totale, sans craindre un quelconque démon ou fantôme (venant de mon passé?). Peur enfantine oui. Angoisse d'une enfant traumatisée sûrement... Par quoi? Par qui? Je sais que bien des choses ont été refoulées. Je sais que bien des souffrances sont restées cachées... Alors, je tais les maux les plus intenables, je n'oublie pas mais fais semblant.
        Je suis quelqu'un de sensible, oui, de touchée, par la moindre once de beauté, par la moindre larme versée. Et je suis quelqu'un d'extrêmement susceptible, c'est certain, et mon caractère est parfois dur à vivre... J'attend trop de la vie, j'exagère au maximum ses moindres défauts, et je passe mon temps, peu précieux, à être déçue...
        Changer? oui... Mais c'est dur. Et changer pour qui? Pour celui qui un jour voudra de moi pour ce que je serais? Où est-il? J'ai pensé à toi, oui... Mais j'ai peur. C'est toujours comme ça, quand j'aime, la paranoïa m'envahit et, je doute constamment des sentiments d'autrui et de la sincérité de ceux-ci. J'agace, j'irrites et tous, prennent la fuite... Car, tous trouvent chaussures à leur pied à deux pas de chez eux, tandis que moi, J'ai toujours aimé l'impossible à des kilomètres de la raison.
        Tu ne veux plus t'accrocher?
        Tu ne veux plus aimer?
        Tu voudrais devenir machine?
        Moi je veux être fée.
        Réaliser tes vœux,
        Et vivre en harmonie...
       Une bonne fée, altruiste, aimante, amante et serviable, comme tout le monde en veut... Je serais n'importe quoi pour peu que ça me plaise, à moi, mais aussi et surtout à mon entourage.
        Dans l'obscurité de cette vie perdue, ma plume a voyagé. L'encre s'est posée à un port inconnu et l'écume a mise mon âme à nu...


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